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La préhistoire africaine
Pour reconstituer la vie de l'homme préhistorique, l'historien a recours aux fouilles archéologiques, lesquelles lui livrent les vestiges du passé. Tels sont les fossiles c'est-à-dire les restes d'organismes pétrifiés, les armes, les outils de pierre, d'os ou rarement de bois. Or, ces vestiges matériels sont enfouis dans la terre ou on en retrouve les traces au sein des roches. Comme la préhistoire s'explique par la géologie, il est utile, voire important de passer succinctement en revue les différentes périodes géologiques.
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Peuplement primitif et migrations en Afrique
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Histoire I: les généralités
À propos de la leçon

Selon la science, “l’homme n’est pas apparu d’un seul coup tel qu’il est maintenant; ses lointains ancêtres ressemblaient de plus en plus à des singes. L’homme a donc évolué, son corps a connu des transformations successives. Son évolution est allée de paire avec celle des techniques lui permettant de dominer son environnement.”

Selon le degré d’évolution de ses techniques, on distingue plusieurs périodes dans l’évolution de l’homme préhistorique : le paléolithique (Palaios ancien; lithos: pierre), le mésolithique (mesos: au milieu; lithos : pierre), le néolithique (neos : nouveau; lithos : pierre) et l’âge des métaux.

LE PALEOLITHIQUE

Pendant cette période, l’homme, nomade, vit principalement de chasse, de pêche et de cueillette. Il s’habille de peaux de bêtes ou d’écorces d’arbres et habite dans des cavernes. Il découvre le feu et taille la pierre en lui enlevant des éclats. Il améliore constamment son outillage et sa façon de vivre. Pour cette raison, le paléolithique a été divisé en trois périodes successives le paléolithique intérieur (ou ancien), moyen, supérieur (ou récent).

Le dernier million d’années de l’histoire de la terre a connu des alternances de climat très froid (dans l’hémisphère Nord ; pluvieux sous les tropiques) et de climat plus chaud.

1. Le paléolithique inférieur (4 millions d’années environ à 150.000 avant J.C.):

Le paléolithique inférieur correspond à la fois au premier pluvial Kaguérien (ou la glaciation de Günz) et au second pluvial Kamasien (ou la glaciation de Mindel). Deux types d’hommes règnent tout autour : l’Australopithèque (ou Australanthropien) et le Pithécanthrope (ou archanthropien, terme qui signifie «premier homme»

a) L’Australopithèque (4 millions d’années environ à 500.000 avant J.C.) : L’Australopithèque a pour ancêtre lointain un préhominien appelé «Proconsul Africanus», découvert près du lac Victoria et qui aurait vécu il y a environ vingt millions d’années.

L’Australopithèque est signalé pour la première fois en Afrique australe par l’Australien Raymond Dart en 1924, Plusieurs sites ont marqué son existence: Les grottes de Taungs, Sterkfontein, Kromdraai, Swartkrans, Magapansgat, Stillenbosh. Les fossiles de l’Australopithèque ont été aussi découverts dans l’Est Africain, dans les gorges d’Oldoway (ou d’Olduvai) au Sud Est du lac Victoria, en Tanzanie, par le préhistorien anglais Lewis Leakey en juillet 1959 et dans la vallée de l’Omo (qui se jette dans le lac Rodolphe), en Ethiopie, par le Français Camille Arambourg (1967-1970) qui le data à 3.700.000 ans.

Les restes osseux de l’Australopithèque ont été également Tchad (Tchadanthrope). Le Dr Leakey donna à l’Australopithèque ainsi découvert le nom de « Zinjanthrope » et la date de 1.750 000 ans. Le Zinjanthrope avait une capacité cérébrale d’environ 530 cm cubes et mesurait 1,20 m débout.

L’australopithèque avait donc un volume cérébral variant de 500 à 700 cm3 et une taille de 1 m 20 à 1 m 40.

C’est en Afrique orientale dans la région des Grands Lacs autour de la vallée de l’Omo que l’on place le berceau de l’humanité.

L’australopithèque est l’auteur de l’industrie lithique la plus ancienne que nous puissions reconnaître appelée «Pebble culture » caractérisée par des galets aménagés (ou pebble tools), c’est-à-dire ceux dont on a enlevé quelques éclats pour obtenir des arêtes tranchantes. Ces industries préhistoriques très anciennes constituées par des galets aménagée sont connues dans le bassin de la République Démocratique du Congo où elles ont été retrouvées dans les régions minières du Kasaï, du Katanga et dans le fossé du lac Edouard. Elles portent des noms divers suivant les lieux et les préhistoriens qui les ont signalées pour la première fois. Ainsi parle-t-on du Kafuen, d’Oldowayen.

 

b) le Pithécanthrope (500.000 à 150.000 avant J.C.)

Les fossiles du Pithécanthrope ont été découverts à Ternifine Palikao (Algėrie) en 1954 par Camille Arambourg qui le dénomma «Atlanthrope» (homme d’Atlas).

En dehors de l’Afrique, ces mêmes découvertes ont été faites à Trinil, dans l’ile de Java (Indonésie) en 1891 par le Hollandais Eugène Dubois; dans les grottes de Chou-Kou-Tien, à soixante kilomètres au

Sud-Ouest de Pékin (Chine) en 1927 par le Canadien Black et dans une sablière à Mauer, près de Heidelberg (Allemagne) en 1907.

L’Atlanthrope, le Sinanthrope, I’homme de Java ou celui de Heidelberg sont des variantes d’une même espèce humaine appelée « Homo erectus», ce qui signifie « homme se tenant debout ».

Comme nous venons de nous en rendre compte, le Pithécanthrope, contrairement à son prédécesseur, abandonna les régions tropicales et plus précisément l’Afrique pour conquérir ou peupler les autres parties du monde, notamment l’Asie et l’Europe.

D’une taille d’environ 1 m 50, le Pithécanthrope avait un volume du cerveau variant de 850 à 1.000 cm cubes.

Le Pithécanthrope savait faire du feu (découverte prouvée matériellement par la présence des os calcinés d’animaux dans les gites humains, en particulier le site de Chou-Kou-Tien) et avait découvert le langage. Il fabriquait des bifaces ou coups-de-poing (c’est-à-dire des outils de pierre taillée sur les deux faces en forme d’amande ou de fer de lance et possédant une pointe aigue). Ces bifaces sont dits « chelléens» (de Chelles, localité da la région parisienne) ou «acheuléans (de Saint-Acheuz dans la Somme). Un biface est appelé «chelléen» ou abbevillien», lorsque le silex est grossièrement taillé sur les deux faces. Il est «acheuléen» lorsqu’on fait usage d’un percuteur de bois qui permet une taille plus fine.

2.- Le paléolithique moyen (150.000 à 50.000 avant J.C.)

Ce stade, qui coïncide avec le troisième pluvial Kanjérien (ou la glaciation de Riss) correspond au Néanderthalien (ou Paléanthropien c’est-à-dire «homme ancien»). Le Néanderthalien représente donc la troisième forme d’homme préhistorique.

Il a été retrouvé en Afrique à Broken Hill (Zambie), à Saldanha, à Florisbad, à Boskop (en Afrique du Sud) et à Rabat (au Maroc). En dehors de l’Afrique, il a été découvert dans la vallée de Neandertal (près de Düsseldorf en Allemagne) par le Dr Fuhlrott en 1856, à Spy (près de Namur, en Belgique) en 1886 et dans une grotte de la Chapelle-aux-Saints (près d’un petit village de la Corrèze, en France) en 1908.

Les découvertes similaires ont été faites aussi dans le Proche et l’Extrême-Orient : le long des rives du fleuve Solo (à Java, en Indonésie) en 1936 et à Mugharet-el-Zuttiyeh presque sur les rives de la mer de Galilée (en Israël).

L’homme de Broken Hill, l’homme de Solo et l’homme de Galilée tout comme les Néanderthaliens de l’Ouest appartiennent à une espèce unique: celle de l’homo faber.

La stature du Néanderthalien est de 1 m 55 à 1 m 60 et le cerveau comparable à celui de l’homme d’aujourd’hui : 1.300 à 1,600 cm3, soit une moyenne de 1.450 cm cubes.

Le Néanderthalien enterrait ses morts et est considéré comme l’ancêtre direct des hommes actuels.

Son industrie est dite « Moustérienne» (de Moustier, en France). Il s’agit en fait d’une industrie à éclats. En effet, l’Australopithèque et le Pithécanthrope fabriquaient des outils en enlevant ou en faisant sauter des éclats pour n’utiliser que la partie centrale. Le Néanderthalien comprit qu’on pouvait, avec les éclats suffisamment longs détachés d’une pierre, faire des outils tout aussi efficaces que ceux fabriqués avec de gros morceaux de pierre, moyennant quelques retouches. Ainsi se développa l’usage des éclats.

L’industrie moustérienne (ou industrie à éclats) est caractérisée par les outils plus légers, plus tranchants tels que les grattoirs (utilisés pour dépouiller les animaux et nettoyer les peaux), les burins (destinés au travail du bois tendre, des os et des bois de cerf), les percuteurs (servant à tous usages couper, gratter et creuser), les pointes en feuille de laurier (sorte de lave très longue et plate, travaillée sur les deux faces et devant servir de poignard), les racloirs etc..

Cette industrie à éclats a connu ses stades d’évolution: Clactonien, Tayacien, Levalloisien.

En Afrique équatoriale et dans les zones forestières, l’industrie à éclats correspond au «Sangoen» dérivé de l’Acheuléen. Cette industrie est caractérisée par des pièces bifaciales allongées de grandes dimensions, adaptées au travail de bois, c’est-à-dire à une vie en milieu forestier. Le sangoen est connu en République Démocratique du Congo dans les régions minières du Kasaï, dans le Haut-Katanga (Kolwezi, Luena), dans la plaine de Kinshasa où il a reçu le nom de «Toumbien» (du lac Tumba) et «Kalinien»(de Kalina : actuelle Gombe, quartier administratif de Kinshasa), ce dernier terme étant réservé au sangoen le plus ancien de la République Démocratique du Congo.

 

3. Le paléolithique supérieur (50.000 à 10.000 avant J.c.):

Cette époque coïncide avec le quatrième pluvial gamblien (ou la glaciation de Würm) et voit apparaître sur terre, il y a quarante mille cinquante mille ans, un type d’homme proche de nous que l’on appelle Homo sapiens (homme sage, homme pensant, homme doué de la faculté de de raisonner) ou Néanthropien (ce qui veut dire « homme actuel»).

L’homo sapiens présente tous les signes de l’homme intelligent : il a un crâne développé (dont le volume varie de 1.300 à 1.600 cm cubes et atteint même 1.700 cm cubes) et vit en société.

Il croit à la vie future, laquelle croyance se manifeste par l’enterrement des morts avec un rituel et il est le premier qui nous a laissé des tracas de son art. La plupart des dessins, des peintures ou des gravures qui ornent les grottes (grotte d’Altamira, dans le Nord de I ‘Espagne et celle de Lascaux, en France) représentent les animaux qu’il chassait : buffles, antilopes, rhinocéros, rennes, bisons etc…

Sur le plan des techniques, l’Homo sapiens sait coudre des vêtements de peau et de fourrure, construire des huttes, façonner des ornements faits de dents d’animaux ou de coquillages. Il dispose d’un outillage «Atérien» (de Bir-el-Ater, en Algérie), caractérisé par une grande abondance de flèches pédonculées et toutes les sortes d’armes de jet fabriquées à partir de belles lames de silex. A cette époque se développe aussi un outillage varié en os.

L’industrie atérienne correspond, en Europe, aux industries Aurignacienne» (Aurignac, Haute-Garonne), Solutréenne (Solutré, Saone-et-Loire) et Magdalénienne (La Madeleine, Dordogne).

En République Démocratique du Congo occidentale et au Kasaï, le sangoen évolue vers une nouvelle industrie, le sangoen moyen, appelé aussi Djokocien ou Lupembien. Le Lupembien (dérivé de la rivière Lupemba, au Kasaï se caractérise par de splendides pointes de lances, par de longs poignards et par toute une variété d’outils destinés au travail du bois.

Les découvertes semblables ont été faites à Mechta (Algérie) et à Asselar au Nord-Est de Tombouctou (Mali) par Th. Monod en 1927. Lhomme d’Asseler est un Négroïde.

Signalons en passant qu’on est encore mal renseigné en ce qui concerne la différenciation en races. L’on pense que les différences raciales sont liées aux besoins d’adaptation au milieu. Ainsi en est-il de la couleur de la peau, déterminée par un pigment, la mélanine. Celle-ci tend à varier avec l’éloignement par rapport à l’Equateur. La peau sera noire, dans les régions équatoriales, brune dans les régions savaniennes, olivâtre le long de la Méditerranée, blanche dans le Nord de l’Europe. Nous pouvons en déduire que plus les rayons du soleil tombent à la verticale, plus la peau sera sombre. Les races à peau sombre ont une concentration plus forte de mélanine pour mieux se protéger des effets nuisibles du rayonnement solaire puissant. Par contre les races à peau claire ont une concentration moins forte de mélanine pour mieux absorber le peu de rayonnement solaire disponible. Dans cet ordre d’idées, nous pouvons affirmer, pour paraphraser Cheikh Anta Diop qu’»une humanité née sous la latitude des Grands Lacs, presque sous l’Equateur, est nécessairement pigmentée et négroïde» et que «toutes les autres races sont issues de la race noire par filiation plus ou moins directe».

 

LE MESOLITHIQUE OU L’EPIPALEOLITHIQUE (10.000 à 5.000 avant J.C.):

C’est le stade intermédiaire entre les chasseurs du Paléolithique et celui des producteurs de nourriture ou Néolithique. Il est probable que les premiers essais de culture et d’élevage ont eu lieu dans le mésolithique et que ces activités se sont développées pendant le néolithique.

Sur le plan technique, cette période est caractérisée par les minuscules pointes de flèches de silex de types et de formes très variés (losangiques, ovales, triangulaires etc..,) et par la prédominance des éléments microlithiques (c’est-à-dire par des outils de petites dimensions) et géométriques (trapèzes, triangles, quartiers d’oranges, rabots, couteaux à dos).

Cette industrie microlithique est représentée en République Démocratique du Congo par le «Sangoen final» ou le «Tshitolien » (terme créé sur base d’un outillage lithique récolté à Bena Tshitolo, au Kasaï oriental). Les gisements semblables ont été découverts sur le plateau des Bateke et au Pool Melebo.

 

LE NEOLITHIQUE (5.000 à 1.000 avant J,C.)

Il est marqué par des découvertes révolutionnaires : la découverte de la céramique, la domestication des animaux, l’apparition des tissus, l’art de confectionner des corbeilles ou vannerie, mais le grand progrès du Néolithique reste l’agriculture.

Les débuts de l’agriculture se situent dans les pays du «Croissant fertile » c’est-à-dire dans le bassin mésopotamien et la vallée du Nil vers 5.000 avant J.C. De l’Egypte, elle gagne progressivement le reste de l’Afrique. On note ici l’existence de deux foyers d’invention de l’agriculture : les plateaux éthiopiens et la boucle du Niger (3.000 à 2.000 avant J.C.).

Le Néolithique est le temps de la sédentarisation et de la naissance des villages appelés «cités lacustres».

Sur le plan technique, la différence entre le Néolithique et le Paléolithique réside essentiellement dans le polissage de la pierre.

D’après les conclusions des recherches archéologiques, le Sahara, aujourd’hui inhospitalier, n’était pas à l’époque un grand désert mais une région verdoyante parcourue par de grands fleuves, ayant une faune riche et, par ricochet, ayant abrité une population nombreuse.

Cette population ne dut abandonner son habitat ancestral que lorsque le Sahara devint désertique.

Les peintures rupestres découvertes par le Français Lhote dans le Tassili des Ajjer, au Sahara, sont le témoignage éloquent d’une occupation intensive et de longue durée.

L’AGE DES METAUX

Cette période marque la fin de la préhistoire et les débuts de la protohistoire (2e siècle avant J.C, 7e siècle après J.C,). Signalons au départ que l’Afrique noire a ceci de particulier qu’elle est passée du Neolithique à l’âge du fer sans transiter par celui du bronze.

Quant à l’origine de la métallurgie du fer, plusieurs hypothèses, souvent contradictoires, existent.

Certains auteurs soutiennent que l’usage et l’exploitation du fer sont venus du Nord c’est-å-dire d’Asie Mineure (où le fer était travaillé par les Hittites dès 1.400 avant J.C.) via l‘Egypte au 7e siècle avant J.C par l’intermédiaire des Assyriens. Cette dernière, n’ayant sur son sol ni  minerais, ni sources d’énergie pour la fonte de ceux-ci, c’est le royaume de Napata-Méroe», appelé aussi royaume de Kouch (correspondant à I’Etat moderne du Soudan) qui en tira profit et devint ainsi, vers 500 avant J.C., un grand centre de métallurgie et de diffusion du fer en Afrique. De là, la métallurgie du fer gagna l’Afrique occidentale, via la région du Tchad et le Darfour, et les Bantu, en déplacement, la répandirent dans le reste de l’Afrique.

Tout le monde cependant ne partage pas ce point de vue. Ainsi d’autres chercheurs pensent que la connaissance de la métallurgie du fer est arrivée en Afrique par l’intermédiaire de commerçants indiens, via le royaume de Monomotapa (correspondant à l’actuelle République du Zimbabwe). Ces derniers, en effet, achetaient aux Africains de cette région du minerai de fer. On est porté à croire qu’ils leur en ont donné les techniques de travail.

D’autres encore estiment enfin que ce sont les Phéniciens qui ont introduit en Afrique occidentale l’art de la métallurgie du fer, via la Tunisie (où ils avaient fondé une colonie en 814 avant J.C, appelée « Carthage»). On sait, en effet, que depuis très longtemps les contacts existaient entre le bassin du Niger et le Nord de l’Afrique.

Quoiqu’il en soit, une chose est certaine Méroé a été, sur le continent africain, le foyer le plus important de la métallurgie du fer dont la transmission a pu se faire par l’intermédiaire de populations en déplacement. Les terrils trouvés autour de Méroé attestent l’ancienneté de cette activité.

L’âge des métaux est marqué aussi par le dressage en de nombreux endroits d’énormes pierres appelées «mégalithes» (du grec ges grand, et lithos: pierre). On en distingua deux sortes : les dolmens (tables horizontales et les blocs verticaux qui supportent Celles-ci) et les menhirs (ou pierres levées). La région de Bouar, en République Centre Africaine, regorge de sites mégalithiques anciens.

Patrick Tshiama Mulomba
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