1) La comptabilité
La comptabilité est une technique de traitement de l’information économique liée à l’entreprise (ou, plus généralement, à une organisation quelconque). Avec ses conventions et ses règles de fonctionnement, elle se présente comme un système cohérent ayant notamment pour objet l’enregistrement, l’analyse et la synthèse des opérations réalisées par l’entreprise.
L’entreprise tient une comptabilité pour des raisons juridiques, pour répondre à un besoin de preuves et de contrôle, mais aussi pour fournir des informations sur sa gestion à différents destinataires, en particulier à ses dirigeants. Lorsqu’ils prennent des décisions, la comptabilité constitue pour eux une source d’information privilégiée, même si elle n’est pas la seule.
Dans la littérature économique, plusieurs qualificatifs sont associés au terme d’entreprise : on parle d’entreprise privée, publique, individuelle, en société, de petite, moyenne ou grande taille. Bien qu’il soit possible de distinguer plusieurs catégories d’entreprises, elles partagent néanmoins certains traits communs. Toute entreprise détient un patrimoine, exerce une activité économique qui la relie à son environnement, et repose sur une organisation autonome.
Le patrimoine de l’entreprise regroupe l’ensemble des biens dont elle dispose (immobilisations, stocks, créances, etc.). Si l’entreprise est constituée sous forme de société, elle jouit d’une personnalité juridique distincte de celle de ses associés, et ce patrimoine lui appartient. En revanche, pour une entreprise individuelle, le patrimoine affecté à l’entreprise n’est qu’une partie de celui de son propriétaire : l’entreprise n’a pas juridiquement de patrimoine propre, bien que certains biens soient utilisés en permanence pour son fonctionnement.
L’entreprise exerce une activité économique : elle opère sur des marchés, se procure divers biens et services qu’elle revend après les avoir combinés et transformés. Elle ne peut survivre et se développer que si ses recettes dépassent ses dépenses, c’est-à-dire qu’elle dégage un profit. En économie libérale, l’entreprise jouit d’une large autonomie : elle choisit ses objectifs et met en œuvre les moyens pour les atteindre.
2) Classification des entreprises
Bien que les entreprises partagent des caractéristiques communes, il est possible de les distinguer selon plusieurs critères. Nous retiendrons ici deux critères : la forme juridique et l’activité économique.
1. La forme juridique
Outre les entreprises individuelles, il existe des entreprises sociétaires, qui occupent une place prépondérante dans les économies contemporaines.
L’entreprise individuelle n’a pas de personnalité juridique ni de patrimoine distinct de celui de son propriétaire ; ce dernier est responsable sur l’ensemble de ses biens des engagements contractés par l’entreprise. Les ressources d’un individu étant limitées, ce type d’entreprise, qui ne permet pas de collecter des capitaux en abondance, représente une fraction de l’activité économique, principalement dans l’agriculture, l’artisanat, le commerce de détail et les services.
Avec l’évolution des techniques modernes de production, nécessitant des capitaux souvent supérieurs aux disponibilités d’un seul individu, des entreprises sociétaires sont apparues et se sont développées. Ces entreprises regroupent plusieurs associés au sein d’une société disposant de la personnalité juridique et d’un patrimoine propre.
Chronologiquement, les sociétés de personnes se sont d’abord constituées, où la personnalité des associés est prépondérante, suivies par des sociétés de capitaux, où les associés ne participent plus directement à la gestion de l’entreprise. Les sociétés de personnes regroupent notamment les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés en commandite simple. Les sociétés de capitaux, telles que les sociétés anonymes (SA), se distinguent par une responsabilité limitée des associés au montant de leurs apports. Les sociétés à responsabilité limitée (SARL) présentent des caractéristiques mixtes : elles tiennent compte de la personnalité des associés tout en limitant leur responsabilité à leurs apports.
La forme juridique de l’entreprise peut avoir une incidence sur sa comptabilité, avec des écritures spécifiques pour les sociétés (on parle de comptabilité des sociétés).
2. L’activité économique
Selon leur activité économique, on peut distinguer trois groupes d’entreprises :
- Les entreprises de production (notamment les entreprises industrielles) fabriquent et commercialisent un ou plusieurs produits matériels.
- Les entreprises de distribution achètent pour revendre en l’état, sans transformation, jouant un rôle de diffusion des produits et d’ajustement quantitatif (stockage) et qualitatif (sélection des produits).
- Les entreprises de services fournissent des prestations immatérielles (transport, assurances, services bancaires, etc.), dont l’importance ne cesse de croître.
L’activité économique de l’entreprise influence sa comptabilité : les comptes utilisés varient en fonction de la nature de l’activité (production, distribution ou services).
3) Les fonctions internes de l’entreprise
Au début du XXᵉ siècle, Henri Fayol, l’un des premiers à réfléchir systématiquement à l’organisation des entreprises, a identifié six fonctions essentielles à leur gouvernance :
- La fonction administrative, chargée de coordonner l’ensemble des activités, de définir les objectifs et de contrôler leur réalisation.
- La fonction financière, responsable de déterminer les besoins en capitaux et de rechercher les moyens de les satisfaire.
- La fonction comptable, qualifiée par Fayol « d’organe de vision » de l’entreprise, chargée d’enregistrer, de classer et de synthétiser les informations nécessaires à son fonctionnement.
- La fonction technique, chargée de la production des biens et services ainsi que de leur planification et contrôle.
- La fonction commerciale, responsable de la vente des produits et de l’organisation nécessaire pour atteindre cet objectif.
- La fonction de sécurité, qui veille à la protection des hommes et des biens (hygiène, prévention des accidents).
L’importance accordée par Fayol à la comptabilité montre que cette technique de traitement de l’information quantitative est un outil essentiel pour la direction. La comptabilité, en plus d’être une méthode d’observation des phénomènes économiques, est une technique codifiée, obligatoire, et régie par des règles strictes.
Elle apparaît ainsi à la fois comme une branche du droit et un outil d’aide à la décision, permettant d’évaluer les revenus, de payer les factures et de fixer les prix en fonction des coûts des produits.