1. Définition
Pour reconstituer les faits passés, l’historien doit s’appuyer sur des sources documentaires. Cependant, ces sources sont souvent indirectes, difficiles à vérifier, et parfois incomplètes. Les témoignages peuvent être déformés, inexacts, voire mensongers. En conséquence, la vérité historique peut s’avérer relative et fragile.
La critique historique se définit ainsi :
- Un ensemble de règles pour analyser scientifiquement les sources historiques.
- Une méthode pour connaître le passé.
- Un examen de la valeur et de la signification des sources avant de les utiliser.
2. Objectif de la Critique Historique
L’objectif est d’établir les faits humains à partir des témoignages, aidant ainsi l’historien à :
- Former son jugement de manière équilibrée.
- Peser le pour et le contre des événements.
- Apprécier les faits avec nuance.
La critique historique est aussi cruciale dans la vie quotidienne, nous aidant à évaluer et juger avec précision.
Questions essentielles :
- L’auteur pouvait-il connaître la vérité ? Était-il témoin direct ou indirect ?
- L’auteur a-t-il voulu dire la vérité ? Avait-il des raisons de la dissimuler ou de la modifier ?
- L’auteur avait-il la liberté de dire la vérité ?
La Critique Externe
Elle porte sur les éléments matériels d’un document, comme sa forme et sa transmission. Plusieurs étapes sont nécessaires :
1. La Critique de Restitution (ou Critique Textuelle)
Elle vise à retrouver la version originale ou la plus proche d’un texte. Cela est important car les copies peuvent contenir des erreurs involontaires (par fatigue, précipitation) ou des modifications délibérées.
2. La Critique d’Authenticité et de Provenance
- Authenticité : Vérifie si le document est authentique ou une copie, s’il correspond à ce qu’il prétend être.
- Provenance : Cherche à établir l’origine d’un document (époque, lieu, milieu social).
3. La Critique d’Originalité Elle analyse comment l’auteur a acquis ses informations : était-il témoin direct ou s’appuyait-il sur des sources externes ? Les auteurs médiévaux, par exemple, recopiaient souvent les œuvres d’autres.
La Critique Interne
Elle évalue la crédibilité du témoignage, autrement dit, la confiance à accorder à l’auteur. On distingue deux types de critiques internes :
1. La Critique d’Interprétation (ou Herméneutique)
Elle vise à établir le sens d’un document. Il est important de distinguer entre :
- Le sens littéral : ce que l’auteur dit explicitement.
- Le sens réel : ce que l’auteur veut réellement transmettre, y compris des messages cachés ou codés.
2. La Critique d’Autorité Elle examine la fiabilité de l’auteur. Trois questions clés :
- Compétence : L’auteur a-t-il bien observé les faits ? Était-il apte à comprendre ce qu’il rapportait ?
- Exactitude : L’auteur a-t-il bien noté ses observations, sans erreurs involontaires ?
- Sincérité : L’auteur a-t-il volontairement modifié les faits ? Quelles étaient ses motivations ?
La Critique du Témoignage
Cette étape consiste à déterminer si les faits rapportés sont historiquement certains, probables ou impossibles.
1. Confrontation des Témoignages Comparer des témoignages indépendants pour confirmer la véracité des faits. Trois résultats sont possibles :
- Accord fondamental entre les témoins : certitude historique.
- Désaccord fondamental : il faut se fier au plus crédible.
- Silence d’un témoin : ce silence peut être révélateur ou insignifiant selon le contexte.
2. L’Argument « a priori » Il consiste à rejeter un fait en fonction de lois métaphysiques, physiques ou morales. Si un témoignage contredit ces lois, il peut être considéré comme invalide.