Les relations historiques entre la RDC et l’Angola

Page d’histoire: Les relations RDC-Angola !

Nous allons survoler les relations qu’ont entretenu les deux grands pays, et frères-ennemis, d’Afrique centrale dans les années 1960-1970.

On peut dire que les relations entre les deux États commencent au mois de décembre 1958, lors de la Conférence des peuples africains organisée à Accra par le président du Ghana Kwamé N’Kruma. En effet, participant à cette Conférence, Patrice Emery Lumumba, président du MNC (Mouvement National Congolais), rencontre plusieurs personnalités africaines, qui vont d’ailleurs faire évoluer sa pensée politique. Félix-Roland Moumié (Cameroun), Julius Nyerere (Tanzanie), Kenneth Kaunda (Rhodesie du Nord; Zambie), Joshua Nkomo (Rhodesie du Sud; actuel Zimbabwe). Et pour l’Angola, Patrice Lumumba fait la connaissance d’un certain Joseph Gilmore, qui sera plus connu sous son pseudonyme de Holden Roberto.

Devenu Premier ministre du Congo Indépendant en 1960, Patrice Emery Lumumba va apporter son aide aux angolais, leur pays étant encore sous domination portugaise, en leur accordant l’asile politique et un soutien matériel et financier. C’est ainsi que le MPLA (Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola), fondé en 1956 à Luanda, dirigé par le Dr Agostinho Neto est installé à Kinshasa. Le Dr Neto est, par ailleurs, employé comme médecin à l’hôpital de Kitambo.

En 1961, le MPLA va connaître une scission. Roberto Holden va créer l’UPA (Unions des Populations de l’Angola). Devenu premier ministre après le Conclave de Lovanium en 1961, Cyrille Adoula va tenter en vain de réconcilier le MPLA du Dr Neto et l’UPA de Roberto Holden. La divergence porte essentiellement sur le fait que l’UPA, majoritairement composée des bakongo d’Angola (les bazombo), réclame l’Indépendance des provinces du Nord de l’Angola (provinces habitées par les bakongo).

Le 15 août 1963, un coup mouvement de contestation politique dépose du pouvoir l’abbé Fulbert Youlou, président du Congo-Brazzaville et installe Alphonse Massamba-Débat comme nouveau président de la République. Étant de tendance socialiste comme le nouveau régime de Massamba-Débat, le Dr Agostinho Neto et ses camarades du MPLA traversent le fleuve et s’installent à Brazzaville où ils sont bien accueillis.

Notons aussi que, en 1962, en vue d’élargir sa zone de recrutement, l’UPA va se transformer en FNLA (Front National de Libération de l’Angola).
Après son accession au pouvoir en 1965, le nouveau président congolais, Joseph-Desiré Mobutu va poursuivre cette ligne politique et diplomatique, tracée par Patrice Lumumba, de soutien aux opposants angolais installés au Congo.

De Kinshasa où il est installé avec ses camarades, un cadre du FNLA va partir, en 1965, en formation militaire en Chine de Mao Zedong. Ce cadre s’appelle Jonas Malheiro Savimbi. Après sa formation, il revient au Congo et crée une dissidence du FNLA qu’il considère comme un mouvement tribaliste des bakongo, lui-même étant de l’ethnie Ovibundu du Sud de l’Angola. Il crée en 1966 l’UNITA (Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l”Angola).

De 1965 à 1974, la situation politique et diplomatique reste inchangée dans la région. Le pouvoir socialiste de la République Populaire du Congo, de Massamba-Débat à Marien Ngouabi, apporte son soutien au MPLA d’ Agostinho Neto et le pouvoir pro-occidental de la République Démocratique du Congo, des 1er ministres Cyrille Adoula et Moïse Tshombe au président Joseph-Désiré Mobutu, continu de soutenir le FNLA d’Holden Roberto. Quant à l’UNITA, Jonas Savimbi a quitté Kinshasa et s’est installé dans le Sud de l’Angola où il bénéficie du soutien de l’Afrique du Sud.

La donne va changer en 1974. En effet le 25 avril 1974, des militaires portugais font un coup d’État à Lisbonne en renversant le régime du dictateur Salazar. C’est la ” Révolution des oeillets “. Fatigués des guerres coloniales que le régime de Salazar mene depuis 1961, les portugais acclament les meneurs du coup d’État qui envisagent d’accorder l’Indépendance à l’Angola. C’est ainsi que le 15 janvier 1975, le Portugal signe les Accords d’Alvor avec les trois mouvements angolais: le MPLA, le FNLA et l’UNITA.

Le 11 novembre 1975,les dirigeants portugais proclament l’Indépendance de l’Angola en favorisant le MPLA qui s’installe au pouvoir à Luanda. Le Dr Agostinho Neto proclame la République Populaire d’Angola et devient le premier président de la République.
Kinshasa va réagir énergiquement en décidant d’accompagner militairement le FNLA d’Holden Roberto pour chasser le MPLA du pouvoir à Luanda et installer sont poulain. La RDC (Zaïre) bénéficie, durant cette première guerre d’Angola (novembre-décembre 1975), du soutien des Occidentaux. D’ailleurs, une centaine des mercenaires occidentaux se battent aux côtés des troupes zairoises et angolaises du FNLA.

L’UNITA de Jonas savimbi décide aussi, avec l’appui de l’armée sud-africaine, d’aller libérer Luanda de l’emprise du MPLA. Mais, c’est les troupes du FNLA et les militaires zaïrois qui arrivent en premier aux portes de Luanda. L’UNITA est à 200 km de la capitale angolaise, en venant du Sud.
Le MPLA et son leader Agostinho Neto n’ont pas une armée capable de contenir l’offensive des militaires congolais. Combien de temps le régime du MPLA va-t-il tenir avant l’entrée des éléments de la Division Kamanyola dans Luanda ?

Par Thomas Luhaka Losendjola, homme politique et auteur du livre “je connais le Congo””

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